- estoc
- Estoc, m. acut. Se prend ores pour le tronc d'un arbre tirant de la racine à mont par droict fil, Truncus. Ce qu'és herbes est aussi appelé Tige, Caulis. Selon ce au recensement d'une consanguinité on dit ligne d'estoc, celle qui est de bas en haut par droict fil, parce que l'on figure les descentes et attenans en collateralité d'une race et consanguinité, par la forme d'un arbre, et les Jurisconsultes l'appellent, Arborem consanguinitatis. A cause dequoy le François dit, Il est d'estoc, c. des issus en droicte ligne: Et, Il est de branche, c. des descendans par ligne collaterale. Et ores se prend pour une espée longue, estroicte et roide de pointe, de laquelle en combattant on tire plustost des coups de poincte, que de maindroicts ou de revers ou fendants, qui sont coups trenchants. Selon ce Estoc aussi se prend pour le ject mesme de l'espée tirée en plongeant de poincte, comme, Il luy a donné ou tiré un coup d'estoc, Punctim feriit, Punctim appetiit. Vegece appelle Puncta, le coup d'estoc en singulier, comme Caesa le fendant, le maindroict et le revers. lib. 1. c. 12. de re milit. Et pour la playe navrure mesme, Vulnus punctim illatum. Comme, Il a un coup d'estoc en la cuisse, Puncta in femore vulnus accepit. Ainsi Vegece le veut dire audit lieu. On dit aussi Estocade és dictes deux manieres, comme, Il luy a tiré une estocade, et il a une estocade en la cuisse, qui est tiré de l'Espagnol Estocada, ou de l'Italien, Stoccata, Dont le François fait un adverbe, à Estocades, c'est à coups, jects, et tirées d'estoc, Punctim. Vegece audit lieu. Mais quand on dit Estoc d'armes, on entend une espée large, au partir de la poignée, courte, et allant en aguisant jusques à la poincte, forte et acerée par tout, n'ayant que le pommeau et la croix des branches pour toutes gardes, de laquelle l'homme d'armes combat à cheval: aussi a-il la main couverte du gantelet, qu'aucuns appellent espée d'armes. Ne l'Espagnol ne l'Italien n'usent de ladicte adjonction, d'armes, et disent seulement, l'un Estoque, et l'autre, Stocco, pour ce mesmes.D'estoc et de taille, aduerbia. Punctim ac caesim, Omni feriendi arte et via. Et par metaphore en toutes sortes, Omni ratione penitus, Nullo nocendi artificio ac molimine posthabito.
Thresor de la langue françoyse. Jean Nicot.